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🪶Du Son au Symbole — l’art de transmettre sans perdre l’essence


Le son est souffle.

Le symbole, mémoire du souffle.


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⚓ Le Japon des années 1920 : entre tradition et modernité


Lorsque Mikao Usui fonde son école de Reiki au début des années 1920, le Japon vit une période de tension intérieure. L’ère Taishō touche à sa fin : le pays, sorti du féodalisme depuis à peine cinquante ans, se veut désormais moderne, scientifique, tourné vers l’Occident.

Dans les villes, on porte le costume occidental, on parle de progrès, on construit des hôpitaux et des navires. Mais dans les montagnes, les prêtres shintō et les moines bouddhistes continuent de chanter les kotodamas, ces sons sacrés que l’on dit porteurs d’esprit.

C’est dans ce Japon double — rationnel et mystique, industriel et contemplatif — que s’enracine la pédagogie d’Usui.


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🕊️ La rencontre entre deux langages


Usui, après son expérience d’éveil sur le mont Kurama et sa rencontre avec la vibration du Reiki, fonde une pratique où le soin énergétique et l’enseignement spirituel s’entrelacent. Il transmet à ses élèves une manière d’accueillir l’énergie universelle à travers le souffle, le son et la présence consciente.

Chaque séance devient à la fois canalisation et méditation vibratoire :le corps offre le passage, le souffle ouvre la voie, la conscience oriente le flux.

Le Reiki, alors, n’est pas seulement une méthode de soin, mais un art d’union —un souffle vivant qui relie l’humain à la trame invisible du monde. 🌿

Mais à mesure que son enseignement s’étend, le profil de ses élèves change. Parmi eux apparaissent des médecins, des ingénieurs, des officiers de la marine impériale — des hommes formés à la rigueur scientifique, peu enclins à chanter des syllabes sacrées dans un dojo. Ils sont respectueux, curieux, mais leur esprit rationnel cherche un cadre, une méthode, un langage clair.

Usui comprend alors que pour transmettre sans dénaturer, il doit traduire. Le souffle devient forme. Le son devient signe.


🔣 Du kotodama au symbole


Dans la tradition japonaise, un symbole (shirushi) n’est pas une invention graphique : c’est une vibration condensée. Chaque trait, chaque courbe, chaque orientation renvoie à une onde de mouvement intérieure.

Usui, nourri du shintō, du Tendai et du bouddhisme ésotérique Shingon, connaît la correspondance entre son et forme.Dans ces écoles anciennes, les mantras (sons sacrés) ont leurs équivalents visuels : les sidham ou bīja sanskrits, qui sont des “sons écrits”.Le kotodama devient ainsi un symbole énergétique — une forme dessinée qui garde la trace du son originel.

Usui n’invente donc pas de nouveaux symboles : il cristallise la vibration qu’il avait d’abord transmise oralement.


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⚗️ La pédagogie du symbole


Pour les élèves d’esprit plus logique, le symbole devient un pont d’accès. Il permet de canaliser l’énergie sans passer par le chant. En le traçant, l’élève revient inconsciemment à la vibration d’origine. Le geste devient souffle, la main devient voix.


Chaque symbole garde sa fonction vibratoire :

  • l’un relie,

  • l’autre harmonise,

  • le troisième concentre.


Mais Usui enseigne que le symbole n’est qu’un moyen, jamais une fin. Le praticien ne doit pas “utiliser” le symbole comme un outil magique, mais le laisser se réveiller dans son espace intérieur.

« Le symbole n’agit pas par sa forme, mais par la conscience qui le traverse. »


⚙️ De la vibration au système


Lorsque Chujiro Hayashi, officier de marine et médecin, reprend la méthode après la mort d’Usui en 1926, il formalise l’enseignement. Le Reiki devient plus structuré : positions des mains, protocoles, codification des symboles .Ce passage est fidèle à son époque : le Japon valorise la méthode, la discipline, la répétition.

Hayashi transforme le Reiki en un système énergétique clair, transmissible à grande échelle. Ce faisant, il en facilite la diffusion, mais en simplifie la portée spirituelle. Le Reiki vibratoire d’Usui devient un Reiki opératif, plus accessible, plus technique.


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🌏 La transmission vers l’Occident


En 1936, Hawayo Takata, une Japonaise installée à Hawaï, est initiée par Hayashi. Elle apprend la pratique des symboles, mais pas les kotodamas. Lorsqu’elle commence à enseigner à son tour, le Reiki a déjà changé de langue, de culture et de rythme.

Les sons se taisent. Les gestes demeurent. Le symbole devient l’unique support de l’énergie, et le Reiki se répand dans le monde sous cette forme simplifiée.

Mais rien n’est perdu. Car même si le kotodama a disparu du vocabulaire, sa vibration reste inscrite dans le tracé. Le symbole continue de chanter, en silence.


🌸 Retrouver le souffle


Aujourd’hui, certains praticiens reviennent à la source : ils réintroduisent le kotodama dans

leur pratique, non comme un secret retrouvé, mais comme un souvenir du souffle. Ils redécouvrent que le Reiki n’est pas une technique à exécuter, mais une fréquence à habiter.

Tracer un symbole, c’est chanter sans voix. Prononcer un kotodama, c’est dessiner dans l’air. Dans les deux cas, c’est la même conscience qui agit : celle qui relie l’humain au flux vivant du monde.


Le son devient lumière.

La lumière devient forme.

La forme se dissout dans le son.


Ainsi, le cycle du Reiki se referme sur lui-même, comme un souffle qui retourne à sa source.


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